Le Pont Vieux de Montauban
Mai 2012
Le Pont Vieux est, comme son nom l'indique, le pont le plus ancien de Montauban.
C'est un des fleurons de Montauban de part son âge, son architecture mais aussi grace aux panoramas qu'il offre, côté rive droite, sur l'ancien Palais Episcopal (devenu Musée Ingres), l' ancien Palais de la Cour des Aides (devenu Musée d'Histoire Naturelle), l' Eglise Saint Jacques et sur le magnifique alignement des façades des hôtels particuliers du 17ème et 18ème siècle surplombant le cours du Tarn sur sa rive gauche.
Rive droite
Rive gauche
Quand, en 1144, Alphonse de Jourdain crée la ville il stipule sur sa charte qu'il faudra construire un pont fortifié sur le Tarn
"et quand le pont sera bâti, le seigneur comte s'entendra avec six prud'hommes, des meilleurs conseillers, habitant dudit lieu, sur les droits qu'ils devront y établir, afin que ledit pont puisse être entretenu et réparé."
L'argent manque et la ville achète les terrains nécessaires seulement en 1291. Mais les invasions anglaises et ensuite la guerre des Albigeois remettent le début de la construction.
Montauban reste longtemps isolée "intra muros" avec comme frontière naturelle le Tarn. Seul un bac permet de rejoindre le faubourg situé sur la rive opposée et le grand chemin menant à Toulouse...
Ce n'est qu'en 1311 que Philippe le Bel relance le projet. Il cède à la ville la moitié de la forêt du Ramier et ses dizaines de milliers d'arbres nécessaires à la cuisson des briques provenant des gisements de Sapiac et de Gasseras.
Il souhaite un pont, avec 3 fortes tours fortifiées pour intégrer le système défensif de la ville à l'intar de son frère le Pont Valentré de Cahors alors en cours de construction.
La conception est confiée à 2 ingénieurs Mathieu de Verdun et Etienne de Ferrières qui vont s'inspirer du célèbre pont Saint- Benazet en Avignon.
La dernière brique est posée en 1335. La jonction terrestre avec le Quercy, la Gascogne, le Languedoc et la Rouergue est enfin assurée.
Le pont mesure 205m de long et 23m de haut et, chose rare au Moyen- Âge, son tablier est plat.
Il possède 7 arches ogivales munies de becs et percées de hautes ouvertures destinées à laisser passer l'eau en cas d'inondations ou de forts courants ( les ouïes).Il est creux et léger mais très résistant et le prouvera au fil des siècles...
A son origine, une tour carrée couronnée de machicoulis et de créneaux s'élève à chaque extrémité du pont ( cft plans ci-dessous).
Dans celle du côté ville logent le bourreau et ses aides.
Plan datant de 1526 et tableau de Prosper Debia
Plan de 1562, lors du siège de Montauban. On peut voir les 3 tours du pont, à droite la grande tour qui sera démolie en 1701 pour élever l'arc de triomphe, au milieu la chapelle Ste Catherine et à gauche la tour crenelée du bourreau.
Une 3ème tour plus petite et de forme triangulaire se dresse en retrait sur l'arrière-bec de la 4 ème pile. Au rez-de-chaussée se trouve un autel dédié à Sainte Catherine patronne des mariniers.Un port fluvial important s'est développé à Montauban dés le Moyen-Age et la circulation des gabarres, chargées de minot ou de cadis,est intense. Les mariniers peuvent ainsi se recueillir en passant s'ils le souhaitent. L'entrée de la chapelle se trouve au ras de l'eau et un escalier en vis grimpe jusqu'en haut du pont.
Sur cette carte ancienne et sur le tableau au-dessus on peut voir la petite chapelle Sainte Catherine au milieu du pont.
En face, sur l'avant bec de la même pile, se trouve la bascule avec une poulie servant à manoeuvrer une cage en fer dans laquelle les blasphémateurs et les filles de "mauvaise vie" étaient enfermés et immergés 3 fois...
Au moment des guerres de religion, en 1405, le Pont Vieux subit de forts dommages. Ses tours sont ruinées et chaque fois reconstruites. La pile principale est attaquée. Une plaque avec des inscription gravées en latin rappelle ces travaux.
Au fil des siècles le pont est modifié.
La tour où loge le bourreau est démolie en 1663 car l'évêque Pierre de Bertier estime qu'elle cache la vue du palais qu'il est entrain de faire construire.
L'autre tour est abattue aussi et remplacée en 1701 par un arc de triomphe élévé en mémoire de la paix de Ryswick (1697).
Il est fait d'un mélange de pierre et de brique avec un fronton triangulaire portant les armes de la ville , du roi, les clés en arc et un mascaron.
Anciennes cartes postales montrant l'arc de triomphe
En 1828 la chapelle est démolie afin d'élargir les trottoirs, enlever les parapets et les remplacer par des barrières de métal.
Le seul souvenir qu'il subsiste de cette chapelle des mariniers du Tarn est une petite peinture à l'huile déplacée à ce moment là dans l'Eglise Saint- Jacques où on peut encore la voir: Notre Dame du Tonneau.
Notre Dame du Tonneau représente la Vierge tenant l'Enfant sur son bras gauche. On lui a donné ce nom à cause de la forme de l'étrange manteau qu'Elle porte, rebondi comme un tonneau.Cette toile a été réalisée au 18ème siècle et est inspirée de l'école espagnole.
Les trottoirs du pont sont joliment carrelés de petits galets blancs et noirs formant des losanges. Ces dessins sont très présents sur les trottoirs de la ville à divers endroits. L'arc de triomphe est démoli en 1869.
Sur le pont plusieurs médaillons signalent les principales dates de rénovation, la dernière étant toute récente...
Malgrè tout, la circulation intense des charrettes, chevaux, piètons et voitures diverses rend la traversée de plus en plus difficile et en 1898 il est question de bâtir un autre pont ou d'élargir le Pont Vieux. Heureusement la ville s'oppose à cette dernière solution.
Le Pont Vieux est classé momument historique en 1919, 6 ans après la fin de la construction du 2ème pont de la ville, le Pont Neuf.
Pour terminer voici quelques oeuvres qui ont été inspirées par cet ouvrages
Tableau de Jean-Gabriel Goulinat, Vue du Pont Vieux et Musée Ingres, Musée des Peintres à Montricoux
Lithographie de Thierry Frères, 1834 visible au Musée Paul Dupuy à Toulouse
Lithographie de Lemaître datant de 1845
Une autre lithographie, de G.Barnard réalisée en 1830 "Bateaux sur le Tarn"et qui montre le travail de batellerie.